Le Maroc s'est récemment illustré en Afrique et vers l'Europe en tant qu'acteur clé dans la transmission de la connaissance religieuse dédiée aux métiers d'imam, de prédicateurs et de prédicatrices. Depuis 2015, « l'Institut Mohammed VI de Formation des Imams, Morchidines et Morchidates » propose en effet un cursus pour la formation des métiers du religieux à l'adresse des candidats locaux, régionaux et internationaux en ciblant le métier du culte qui passe par la liturgie des mosquées ou les prises de parole religieuse. C'est là une manifestation nette d'un outil des politiques publiques exprimant un discours voulu comme alternative et enraciné dans une pratique religieuse pluriséculaire. Cette expérience sied dans un contexte africain en mouvement, marqué par la montée des extrémismes violents dans l'islam et le christianisme et par un paysage discursif religieux fait de tensions, voire d'anathémisations. L'institut ambitionne d'imbriquer dans son format d'enseignement et de prise en charge intégrale des apprenants, une connaissance religieuse idoine "tout-terrain" et un savoir-faire exportable. C'est donc là un hub de modélisation d'une expérience d'islam présenté comme fiable et viable et qui accompagne un leadership religieux de proximité pouvant devenir conséquent, en priorité sur l'échiquier continental et subséquemment sur international. Nous observerons ces enjeux mais aussi ses pratiques de l'intérieur à travers le regard de quelques étudiants maliens et sénégalais.