L’idée est de mettre en perspective le développement sans précédent des liaisons internationales routières et ferroviaires en Afrique de l’Ouest et du Centre, le long de corridors de transport, et les recompositions spatiales qu’elles accompagnent ou freinent. Les logiques d’États rejoignent celles des grands groupes mondiaux de transport et de logistique dans leur volonté de renforcer la fluidification des circulations dans ces corridors. Tout en contribuant à raffermir les relations entre États, et donc les processus d’intégration spatiale, ces logiques se développent en dehors de toute considération pour l’espace local. A l’inverse ou en parallèle, que ce soit entre Sénégal et Mali, entre Mali ou Mauritanie ou entre Cameroun, Tchad et Centrafrique, les dynamiques d’échanges et de circulations, souvent anciennes et portées par les commerçants, les migrants, les trafiquants, favorisent le rapprochement, sinon l’intégration, de pays voisins, les frontières internationales constituant pour ces acteurs une interface et une ressource. La question posée est celle de la difficulté à penser ensemble processus de connexion aux échanges mondiaux, dynamiques spatiales transfrontalières des populations et intégration territoriale trans-étatique. Nous interrogeons successivement l’évolution de l’intégration régionale dans les parties de l’Afrique qui nous intéressent ici, la confrontation entre logiques capitalistes et logiques par le bas, enfin les politiques mises en place par les États pour favoriser l’intégration territoriale ou seulement certaines catégories d’acteurs.