Caractérisation physique (granulométrie, nature de la matrice minérale) de la formulation commerciale à 5% de chlordécone utilisée autrefois en bananeraie aux Antilles françaises et connue sous le nom de Curlone® - IRD - Institut de recherche pour le développement Accéder directement au contenu
Poster De Conférence Année : 2022

Physical characterization (granulometry, nature of the mineral matrix) of the commercial formulation dosed at 5% of chlordecone formerly used in banana plantations in the French West Indies and known as Curlone®.

Caractérisation physique (granulométrie, nature de la matrice minérale) de la formulation commerciale à 5% de chlordécone utilisée autrefois en bananeraie aux Antilles françaises et connue sous le nom de Curlone®

Résumé

Very little information is available in the literature on Curlone®. An analysis of its chemical composition would be welcome, in order to know, for example, whether dechlorinated products detected in the French West Indies environment are truly the product of chlordecone (CLD) degradation processes or correspond to synthetic impurities accompanying it. Similarly, all epidemiological studies have focused on CLD alone, without considering possible toxicity synergisms due to the presence of impurities. To overcome this lack of information, in 2016 we were able to analyze the composition of 3 Curlone® samples, which revealed that no less than 23 organic compounds were present in the product in addition to CLD. In addition to the organic chemical composition of Curlone®, other parameters such as the size of the particles it contains, or the nature of the mineral material used to dilute the CLD, are sorely lacking among the experts tasked with assessing the exposure risk of the workers who applied the product, with a view to having it recognized as an occupational disease. As for the mineral content of Curlone®, several contradictory pieces of information are circulating. According to the former director of the Calliope group, which manufactured it, it was CaCO3 in the form of Durcal® (marble crushed stone) produced by the Omya company, but other sources suggest that it could be talc or kaolin. Granulometry measurements carried out on 6 samples of Curlone® obtained from independent bags indicate that this material was made up of small particles with an average size of between 42 and 56 µm, with 50% of particles even smaller than 14.6 µm and 10% smaller than 1.35 µm. With this granulometry, it is hardly surprising that, according to one witness, the 2-cartridge masks worn by the applicators clogged up within an hour of applying the product (Christian Chabrier, CIRAD researcher, personal communication). It should be noted that many of the people applying the product at the time did not have such protective equipment. According to the same source, Curlone® particles flew around the applicators, who ended up covered in white dust, which managed to get under their clothes. Our measurements and this testimonial therefore suggest that applicators were widely exposed by both inhalation and dermal routes. Infrared spectra of the same Curlone® samples were very similar, with small differences in intensity probably due to different water contents. The 3 peaks characteristic of CaCO3 were found at 1387, 870 and 712 cm-1 in each sample. However, characteristic kaolin peaks were also found at 3693, 3620, 1166, 1154, 1108, 1030, 1005, 793 and 752 cm-1. The main talc peaks, on the other hand, were absent at 963, 666, 546 and 506 cm-1. This result suggests that the mineral filler in Curlone® was a mixture of CaCO3 and kaolin.
Très peu d’information est disponible dans la littérature sur la Curlone®. Une analyse de sa composition chimique serait pourtant bienvenue afin de savoir par exemple si des produits déchlorés détectés dans l’environnement antillais sont véritablement le fruit de processus de dégradation de la chlordécone (CLD) ou correspondent à des impuretés de synthèse l’accompagnant. De la même façon, toutes les études épidémiologiques se sont focalisées sur la seule CLD sans considérer les éventuels synergismes de toxicité dus à la présence d’impuretés. Afin de palier à ce manque d’information, en 2016, nous avons pu analyser la composition de 3 échantillons de Curlone® qui ont permis de mettre en évidence que pas moins de 23 composés organiques étaient présents dans le produit en plus de la CLD (Macarie et al., 2016). A côté de la composition chimique organique de la Curlone® d’autres paramètres comme la taille des particules qui la composent ou la nature du matériel minéral ayant été utilisé pour diluer la CLD manquent cruellement aux experts chargés d’évaluer à postériori le risque d’exposition des ouvriers qui appliquaient le produit en vue d’une reconnaissance de maladie professionnelle. Pour ce qui est de la charge minérale de la Curlone®, plusieurs informations contradictoires circulent. D’après l’ancien directeur du groupe Calliope qui la fabriquait, il s’agirait de CaCO3 sous forme de Durcal® (broyat de marbre) produit par la société Omya, mais d’autres sources suggèrent qu’il pourrait s’agir de talc ou de kaolin (Wales, 1962; Letchimy et Benin, 2019) Les mesures de granulométrie réalisées sur 6 échantillons de Curlone® provenant de sacs indépendants indiquent que ce matériel était constituée par de petites particules de taille moyenne comprise entre 42 et 56 µm, 50% des particules ayant même une taille inférieure à 14.6 µm et 10% à 1.35 µm. Avec cette granulométrie, il n’est donc pas étonnant que d’après un témoignage, les masques à 2 cartouches portés par les applicateurs se soient bouchés en moins d’une heure d’application du produit (Christian Chabrier, chercheur au CIRAD, communication personnelle). A noter que nombre de personnes qui l’appliquaient à l’époque ne disposaient pas d’un tel équipement de protection. D’après la même source, les particules de Curlone® volaient autour des applicateurs qui finissaient les chantiers couverts de poussière blanche, laquelle réussissaient à s’immiscer sous les vêtements. Nos mesures et ce témoignage suggèrent donc que les applicateurs étaient largement exposés par inhalation comme par voie cutanée. Les spectres infrarouges de ces mêmes échantillons de Curlone® se sont révélés très similaires avec de petites différences d’intensité probablement dues à des contenus en eau différents. Les 3 pics caractéristiques du CaCO3 ont été retrouvés à 1387, 870 et 712 cm-1 dans chacun des échantillons. Des pics caractéristiques du kaolin y ont toutefois aussi été retrouvés à 3693, 3620, 1166, 1154, 1108, 1030, 1005, 793 et 752 cm-1. Les principaux pics caractéristiques du talc étaient par contre absents à 963, 666, 546 et 506 cm-1. Ce résultat suggère que la charge minérale de la Curlone® correspondrait donc à un mélange de CaCO3 et de kaolin.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

ird-04436082 , version 1 (03-02-2024)

Identifiants

Citer

Catherine Rébufa, Hervé Macarie. Caractérisation physique (granulométrie, nature de la matrice minérale) de la formulation commerciale à 5% de chlordécone utilisée autrefois en bananeraie aux Antilles françaises et connue sous le nom de Curlone®. Chlordécone, connaître pour agir, Dec 2022, Le Gosier (Guadeloupe), France. ⟨ird-04436082⟩
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